MédiasLes Chroniques CinémaELEANOR THE GREAT de Scarlett Johansson

ELEANOR THE GREAT de Scarlett Johansson

Une histoire de mémoire et de transmission douloureuse sur les thèmes graves du deuil et de la vérité, traités avec une certaine légèreté et une rare humanité et portés par une histoire d’amitié entre deux femmes, superbement interprétées.

ELEANOR THE GREAT de Scarlett Johansson. Etats-Unis, 2025, 1h38. Avec June Squibb, Erin Kellyman, Chiwetl Ejiofor. Festival de Cannes 2025, section Un Certain Regard.

Critique de Chantal Laroche Poupard, SIGNIS France

Inspirée par l’histoire familiale de la scénariste Tory Kamn et du souvenir qu’elle a de sa grand-mère juive, Scarlett Johansson, jusqu’à présent connue comme actrice américaine, présente dans son premier long métrage l’histoire de Eleanor Morgenstein.

Habitant en Floride, cette femme pétillante de 94 ans perd sa meilleure amie, Bessie, avec laquelle elle vivait. Elle n’a plus goût à rien. Sa fille lui propose de venir habite chez elle à New York, en attendant de la mettre dans une maison de retraite, option qu’Eleanor refuse catégoriquement. A New York, Eleanor intègre un groupe de parole de rescapés de la Shoah dans un centre communautaire juif. Elle se fait passer pour une rescapée de la Shoah, ce qui n’est en aucun cas son histoire, mais celle de l’amie très chère qu’elle a perdue.

Est-ce pour être aimée et acceptée ou pour mettre en valeur le passé douloureux de son amie dont elle était si proche et dont sa mort l’a anéantie, ou pour combler ce vide immense que laisse cette amie, qu’elle se « remplit » du personnage de celle-ci en « usurpant » en quelque sorte son identité et en déguisant ainsi son âme et sa vie ?

Dans le groupe de parole, elle se lie d’amitié avec Nina, une jeune étudiante en journalisme qui souhaite recueillir son témoignage de rescapée. Eleanor joue parfaitement « le jeu » de sa nouvelle identité et ce avec une certaine légèreté et désinvolture et surtout avec une énergie et un humour qui emportent et supportent ce sujet grave et douloureux.

La mise en scène tout en finesse et en émotion met la lumière sur l’époustouflante June Squibb dans le rôle de Eleanor, qui est l’opposée totale d’Elsie, femme âgée interprétée par Brenda Blethyn dans le film Dragonfly de Paul Andrew Williams.

Ce premier long métrage de Scarlett Johansson, présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2025, souligne aussi comme le faisait Jesse Eisenberg dans son film A Real Pain, la mémoire qui disparaît.

Chantal Laroche Poupard

Latest

More articles