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L’INTÉRÊT D’ADAM de Laura Wandel

Adam, 4 ans et mal nourri, est hospitalisé sur ordre d’un juge des affaires familiales. Le second film de Laura Wandel tire son intensité de plans séquences rigoureux, concentrés sur une jeune mère en perdition et une infirmière résiliente.

L’INTÉRÊT D’ADAM de Laura Wandel. France/Belgique, 2025, 1h13. Avec Léa Drucker, Anamaria Vartolomei. Festival de Cannes 2025, sélection Semaine de la critique.

Critique de Pierre-Auguste Henry, SIGNIS France

Le cinéma belge est affable de drame sociaux naturalistes et renouvelle régulièrement les talents s’y attelant devant et derrière la caméra. Laura Wandel est de ceux-ci, révélée en 2021 après avoir réalisé Un Monde, un film autour de l’enfance et qui traitait du harcèlement scolaire. La réalisatrice bruxelloise parvenait déjà à encapsuler son intention dans une durée très courte, une heure et treize minutes, une contention qui permettait au film de gagner en puissance.

L’Intérêt d’Adam tient dans la même durée et l’on y suit Rebecca (Anamaria Vartolomei), la mère du petit Adam placé à l’hôpital. Elle veut repousser les limites qui lui sont imposées par la justice car il lui est insupportable de se séparer de son fils pour seulement quelques heures, de peur que l’hôpital ne lui impose des repas forcés – dont il aurait pourtant bien besoin. Le second rôle principal est tenu par une rayonnante Léa Drucker qui interprète Lucy, une infirmière spécialisée en charge du cas d’Adam.

Le film va suivre ces deux femmes ayant des visions parfaitement opposées de ce qu’il faut faire pour l’enfant, bien que le film se place évidemment du côté de Lucy tant le personnage s’impose comme l’ange-gardien non seulement d’Adam mais aussi de sa mère. Elle outrepasse avec courage les barrières bureaucratiques qui se dressent sur son chemin et s’oblige parfois à mettre de côté sa vie de famille.

Les scènes tendues s’enchaînent comme un jeu du chat et de la souris où Rebecca a toujours un tour d’avance sur Lucy et ses collègues, redoublant de malice pour rester auprès de son fils ou obtenir des faveurs de la direction de l’hôpital. Le titre du film est son objet : où se trouve le meilleur intérêt d’Adam? Malgré le chaos régulier provoqué par Rebecca entre les brancards, Lucy semble penser que l’intérêt de l’enfant peut encore rejoindre celui de sa mère.

Ces scènes sont chapitrées par quelques portraits accélérés d’autres cas pédiatriques gérés dans cet hôpital, des cas où les liens familiaux sont souvent une grosse partie du nœud. Ces interludes dépeignent la réalité d’un hôpital pour enfants dans son quotidien, avec ses peines et ses dilemmes en toile de fond de la narration. Mais c’est un cinéma qui se construit nécessairement sur ses actrices principales, impressionnantes de maîtrise dans deux registres opposés. C’est ce combat d’une mère pour une autre qui fait de L’Interêt d’Adam une réussite singulière dans un genre éculé.

Pierre-Auguste Henry

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