En suivant un père de famille parti voir ses enfants, qui vivent désormais loin de lui, le réalisateur offre un portrait de la société italienne, à l’aube des années 1990, entre douceur et amertume.
ILS VONT TOUS BIEN de Guiseppe Tornatore. Italie/France, 1990, 2h07. Festival de Cannes 1990, prix œcuménique. Avec Marcello Mastroiani, Valeria Cavali,Marino Cenna, Michèle Morgan.
Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France
A l’occasion de sa restauration, ce classique du cinéma a été présenté au Festival de Cannes 2025, et suivi de sa sortie dans les salles françaises : une belle occasion de revoir ou de découvrir cette pépite de la comédie italienne.

A l’approche de la belle saison, Matteo, veuf, sicilien et grand-père, se languit de revoir ses enfants et leur famille se réunir autour de la table familiale. Ils sont 5 et portent des noms d’opéra : Alvaro, Canio, Norma, Tosca et Guglielmo, ils vivent à Naples, Rome, Florence, Milan et Turin et ne viennent pas souvent voir leur père. Alors Matteo fait sa valise et prend le train, pour leur faire la surprise de sa venue.
Accompagné de la musique bondissante du célèbre compositeur italien, Ennio Moricone, le voyage se révèle plein de surprises et de déconvenues, la version des enfants n’étant pas toujours raccord avec la vraie vie. Pour le spectateur, c’est un régal de voir ces scènes tournées dans la rue, en décor naturel, où les figurants s’amusent à être eux-mêmes. Régal aussi des moments où le réalisateur convoque la magie du cinéma pour faire planer l’ombre du malheur sur les souvenirs d’enfance, ou offre à Matteo une escapade dansante en compagnie d’une des grandes dames du cinéma.
La fin des années 1980 en Italie, c’était les trains à compartiments, les survêtements colorés en matière synthétique, les cabines téléphoniques avec les premiers répondeurs, c’était la pollution dans les grandes villes, obligeant les conducteurs de Vespa à porter un masque, les derniers années des billets de banque à 5 chiffres, les premiers migrants venus d’Afrique et leur générosité à partager un pan de carton. Une jeunesse qui rêve d’un nouveau monde et garde une relation particulière pour leurs grands-parents.
Dans cet état des lieux tour à tour fantaisiste et réaliste, Guiseppe Tornatore a su percevoir les changements de société à venir, tout en soulignant la persistance des liens familiaux et de la transmission. Avec une vraie tendresse pour chacun de ses personnages, Ils vont tous bien est un beau moment de cinéma.
Magali Van Reeth
Au Festival de Cannes 1990 où le film de Guiseppe Tornatore était en compétition, sous le titre Stanno tutti bene, il a reçu le prix du jury œcuménique, avec la motivation suivante : Ce film pose, avec un profond amour pour l’homme et une grande richesse d’expression cinématographique, des questions essentielles concernant l’état actuel et l’avenir de notre société.
Les membres du jury étaient : Gabi Hartmann (Allemagne), Humbert Jourdan (France), Henk Hoekstra (Pays-Bas), Joël Magny (France), Franz Ulrich (Suisse), Fred Zaugg (Suisse).