MédiasLes Chroniques CinémaPREMIERE AFFAIRE de Victoria Musiedlak

PREMIERE AFFAIRE de Victoria Musiedlak

Nora, jeune avocate parisienne est envoyée à Arras pour sa première affaire pénale. Elle n’a encore jamais assisté une garde à vue. Elle a l’impression de ne rien avoir vécu et a tout à apprendre.

PREMIERE AFFAIRE de Victoria Musiadlak. France, 2023, 1h38. Avec Noée Abita, Anders Danielsen Lie, Alexis Neises, François Morel

Critique de Diane Falque, SIGNIS France

La réalisatrice Victoria Musiedlak a choisi, pour son premier film, de nous parler du métier d’avocat en dressant le portrait d’une toute jeune diplômée qui débute sur le terrain du pénal.

Il faut bien qu’il y ait une  »première fois » et c’est de cela que traite le film. C’est tout de même une  »première » un peu rude. Rien n’est rassurant ni vraiment accueillant. Victoria Musiedlak nous plonge dans la grisaille du Nord, entre les murs d’un commissariat plutôt glauque, voire glacial.

Nora n’a encore jamais assisté une garde à vue. Et n’a jamais mis les pieds à Arras. La voilà propulsée dans un lieu inconnu où elle a tout à découvrir. Tel un oiseau tombé du nid, fragile, désorienté, qui n’a pas encore déployé ses ailes.

Avec délicatesse et lenteur, la caméra fixe alternativement leurs deux visages désorientés : Nora – admirablement interprétée par Noé Abita – si jeune, si délicate, si menue et Jordan Blésy – interprété par Alexis Neises – jeune homme accusé de meurtre, au regard énigmatique, à la corpulence disgracieuse. Une colombe et un éléphant. L’interrogatoire de l’officier de police judiciaire aguerri – l’excellent acteur suédois Anders Danielsen Lie accentue le décalage des personnages tout en les rapprochant doucement petit à petit.

Nora apprend son métier dans l’arène. Mot après mot… Nous sommes très vite séduits par cette jeune fille, qui endosse un costume bien trop large pour ses frêles épaules et qui au fil du film va apprendre à le porter. Le rythme s’accélère, sa vie se déploient dans tous les domaines, une transformation physique et psychologique est palpable. La première relation amoureuse très électrique en témoigne. Elle prend des coups et pas des moindres. Et ne lâche pas.

Victoria Musieldlak s’intéresse également à travers le portrait de Nora sur le décalage que de jeunes professionnels rencontrent entre Paris/Province. Nora s’immerge le week-end dans les soirées et les boites mondaines parisiennes. Et se retrouve en semaine très isolée dans la ville d’Arras qu’elle ne connaît pas. Lorsqu’elle arrive dans cette ville, Nora prend la mesure de son nouvel environnement, profondément déracinée : elle ne connaît pas les codes. Là aussi tout est à découvrir…

A travers Première Affaire, la réalisatrice Victoria Musiedlak prend le temps de nous dresser un portrait documenté du milieu des avocats, des circuits judiciaires, des alliances et des coups bas qui en découlent. Dans ce milieu, il n’y a pas de cadeau. Nous serions presque à la limite du documentaire. Elle insiste sur l’importance, lors d’une garde à vue, de la première entrevue, où tout se joue. En effet, l’avocat n’a que 30 minutes pour échanger avec son client et construire avec lui sa défense. Et le maître mot qui sera entendu plusieurs fois :  »Peu importe la vérité, la vérité c’est ce que dit le client ».

Victoria Musiedlak, pour son premier film, réussit à nous plonger dans l’univers des plaidoiries et des procédures, et à réaliser l’enjeu des  »premières fois ».

Diane Falque

Latest

More articles