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LA NOUVELLE FEMME de Léa Todorov

A travers l’évocation romanesque de Maria Montessori, médecin italienne du début du 20° siècle, qui a révolutionné la pédagogie enfantine, le récit montre le difficile chemin des femmes européennes pour accéder aux études et à l’indépendance.

LA NOUVELLE FEMME de Léa Todorov. France/Italie, 2023, 1h39. Avec Jasmine Trinca, Rafaelle Sonneby-Caby et Leïla Bekhti.

Critique de Magali Van Reeth, SIGNIS France

Née dans une famille aisée de la bourgeoisie italienne, Maria Montessori fut l’une des premières femmes à obtenir son diplôme de médecine. Très vite, elle s’est intéressée aux enfants que personne ne voulait prendre en charge, notamment ceux avec des handicaps mentaux ou physiques, pour mettre au point des techniques innovantes et leur permettre de communiquer avec leur entourage. Cette pédagogie allait devenir la méthode Montessori et s’appliquer à tous les enfants scolarisés.

De la vie de Maria Montessori, la réalisatrice garde les débuts d’une vocation et met en avant ses difficultés à se faire reconnaître comme initiatrice de ces méthodes d’enseignement et à s’imposer comme femme célibataire. Elle lui oppose Lili d’Alengy, courtisane parisienne que sa notoriété rend riche, donc indépendante. Lili a une fille handicapée, dont elle veut se débarrasser, et sa rencontre avec Maria va lui permettre de la considérer autrement.

Si les personnages principaux sont jouées par deux grandes actrices, Jasmine Trinca pour l’Italienne Maria et Leïla Bekhti pour la fantasque Française, Léa Todorov a fait jouer de vrais enfants handicapés pour les entourer. Un choix courageux qui donne au film une sincérité unique. Ces enfants atypiques ont pu jouer leurs personnages après plusieurs mois de participation à des ateliers artistiques, ce qui leur a permis de surmonter leur peur face à un environnement différent, et parfois déstabilisant. Rafaelle Sonneby-Caby est dans son rôle d’actrice lorsqu’elle interprète la fille de Lili.

Outre cette attention particulière portée aux enfants différents par Maria Montessori et la réalisatrice, La Nouvelle femme montre combien il était difficile, à l’aube du 20° siècle en Europe pour une femme, de se faire respecter dans son métier, dans son travail et même dans ses diplômes. Une façon de donner de l’espérance à celles qui luttent aujourd’hui encore, à travers le monde, pour un minimum d’indépendance et de liberté.

Magali Van Reeth

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